Des employées de Proanima parcourent le monde pour réaliser des missions de stérilisation
Par Dorothée Pâris Pasturel • 10 avril 2025
Chez Proanima, la passion des animaux anime chacun de nos employés. Et parfois, cette passion est si forte qu’elle amène, pour certains d’entre eux, des expériences complètement inédites.
Aujourd’hui, nous souhaitons mettre en lumière l’engagement exceptionnel de Debra Munn et Carole Lacasse pour la cause de la FAVI.
La FAVI (Fondation Aide Vétérinaire Internationale) est un organisme à but non lucratif qui se spécialise dans la stérilisation et la vaccination de chiens et chats de pays en développement comme le Belize, la Tanzanie et le Rwanda où les services vétérinaires sont moins ou pas accessibles. Cet organisme est né lorsque la fondatrice, la vétérinaire Marie-Josée Simard, a constaté le nombre alarmant d’animaux non stérilisés lors de ses voyages. Elle a donc voulu utiliser ses expéditions pour répondre à ce besoin urgent de stérilisation et de soin des animaux.
Une mission qui a résonné pour nos deux employées, Debra et Carole. Toutes deux chez Proanima depuis 12 ans, Debra est vétérinaire et vice-présidente de la FAVI depuis 2017 aux côtés de Marie-Josée Simard. De son côté, Carole, coordonnatrice de nos programmes spéciaux, en est à sa première année de participation avec FAVI.
Nous avons eu la chance de les interroger afin de vivre avec elles l’expérience FAVI!

Combien de missions FAVI sont organisées chaque année?
La FAVI organise environ quatre missions par an. Certaines destinations, comme le Belize, sont régulières, tandis que d’autres, comme la Grenade et le Rwanda, sont de nouvelles aventures.
C’est impressionnant d’organiser autant de voyages ! Mais comment la FAVI finance-t-elle ses missions?
CAROLE- La FAVI étant une organisation à but non lucratif, elle repose sur les dons pour financer ses projets. Les participants aux missions sont 100 % bénévoles et paient eux-mêmes leurs billets d’avion et leur hébergement, ce qui permet de consacrer un maximum de ressources aux soins vétérinaires.
Debra- Une autre source de financement pour la FAVI est la vente de chapeaux de chirurgie réutilisables et fabriqués au Québec!

Qui peut participer aux missions FAVI, et quelles compétences sont requises?
CAROLE- Bien que les vétérinaires et les techniciens vétérinaires soient particulièrement recherchés, toute personne motivée peut participer. Il est important d’avoir un grand intérêt pour la cause, d’être flexible face aux divers imprévus et prêt à s’adapter aux conditions de travail parfois difficiles comme la chaleur. Il faut avoir un esprit ouvert et être prêt à l’aventure!
Carole, pourquoi aimes-tu participer à ce genre de mission?
J’ai l’impression de partir en colonie de vacances parce que je pars faire ce que j’aime avec des gens aussi passionnés que moi. Par exemple, je n’aurais jamais osé aller au Rwanda seule, mais là, avec la FAVI, je sais que je suis bien entourée et que je vais avoir la chance de vivre un rêve et d’aller voir les gorilles dans la montagne. J’aime que cela combine une passion pour le voyage et l’aide humanitaire. On rencontre des personnes fantastiques sur place et on a l’opportunité de découvrir des lieux éloignés des zones touristiques.

As-tu une anecdote cocasse pour nous?
CAROLE- À la Grenade, il n’y a pas de clôture, donc les animaux peuvent se promener librement. Lorsque nous faisions les stérilisations de chiens dehors, il y avait un bébé chèvre qui voulait toujours être avec nous. Elle venait mâchouiller les sacs et inspecter nos choses. Sa maman n’était pas loin, mais elle aimait être avec nous.
Si je veux m’inscrire à la FAVI, quels conseils me donnerais-tu?
CAROLE- Le principal conseil est de ne pas douter de tes capacités. Il est facile de penser qu’on ne sera pas utile ou qu’on ne sera pas à la hauteur, mais en réalité, chaque participant joue un rôle important. Il faut aussi être prêt à s’adapter, à rencontrer de nouvelles personnes et à vivre des situations totalement différentes de notre quotidien. C’est une expérience enrichissante à bien des niveaux : sur le plan professionnel, humain et personnel.
Debra, puisque tu es impliquée au niveau de l’organisation, peux-tu me dire les défis d’organiser un voyage comme celui-ci?
Cela prend environ un an pour organiser une seule mission. La première étape est de savoir si le pays accepte que des vétérinaires de l’étranger viennent travailler sans avoir à payer un prix astronomique pour un permis. Si la réponse est oui, il faut travailler étroitement avec un partenaire local qui aide dans l’organisation. Il faut avoir des permis pour rentrer avec des médicaments et des instruments chirurgicaux. Il faut ensuite trouver l’hébergement, le transport et organiser les activités touristiques comme le snorkeling ou les safaris.

Une fois sur place, comment ciblez-vous les animaux qui doivent être stérilisés?
DEBRA- Cela dépend des endroits et des besoins, mais dans tous les cas, nous travaillons en collaboration avec la population. Jamais nous n’allons obliger un citoyen à faire stériliser son animal s’il n’en a pas envie. C’est pourquoi les gens du coin sont sensibilisés à notre travail avant que nous arrivions sur place.
As-tu une statistique pour nous démontrer l’impact de FAVI?
DEBRA- À la Grenade, la mission a permis de réaliser trois mois de chirurgie en une semaine, ce qui a grandement aidé la clinique locale. Au Rwanda, nous avons réalisé 268 chirurgies et nous avons rencontré plusieurs niveaux du gouvernement qui veulent améliorer le bien-être animal. Ce n’est pas une statistique mais nous sommes très fiers de participer à l’éducation des vétérinaires locaux sur la stérilisation des petits animaux.
Peux-tu partager une expérience marquante, très différente de nos habitudes québécoises?
DEBRA – À Zanzibar, il fallait être pieds nus pour entrer dans la clinique vétérinaire! C’est une question de propreté et de culture.
Vous êtes-vous sentis déstabilisés par la façon dont les animaux sont traités là-bas?
DEBRA- On n’est pas là pour juger et c’est important de ne pas confronter le monde. On essaye plutôt de montrer une autre façon de faire, mais sans l’imposer. Par exemple, en Tanzanie, pour traiter les tiques et les puces, ils mettent les chiens dans un bac rempli de liquide insecticide. Le chien se débat parce qu’il n’aime pas ça, mais pour les gens de là-bas, il s’agit du seul moyen pour éviter la propagation de ces parasites-là. Aussi, on traite des cas médicaux qu’on ne voit pas vraiment au Québec comme une oreille de chien remplie de tiques, un animal avec une blessure de coup de machette, certains sont très maigres ou avec très peu de poils à cause des parasites. Il faut se concentrer sur l’aide que l’on peut leur offrir le temps que nous sommes là et tout en restant respectueux de la communauté.

On comprend l’importance de la stérilisation au Québec, mais quels sont les vrais problèmes liés à la surpopulation des animaux dans ces pays?
DEBRA- Il y a environ 60 000 personnes qui meurent de la rage à travers le monde chaque année, en Asie et en Afrique principalement. Le vecteur principal c’est le chien domestique. Donc, en contrôlant la population de chiens, il y a moins de risques de contact avec l’humain et moins de risques de morsures. De plus, lors de nos campagnes, nous vaccinons aussi les animaux contre la rage.
À Zanzibar, c’est différent, il n’y a pas vraiment de rage chez les chats. Puisqu’il fait chaud, et qu’il y a énormément de marchés de poissons, les chats sont très bien et se reproduisent sans fin. C’est surtout un problème de surpopulation et 75 % des chatons meurent en raison de maladies, des bagarres, etc.
Au Bélize aussi, on était demandé parce qu’il y a des petits villages qui ont des problèmes de surpopulation canine. Un grand enjeu est la transmission de maladies entre les chiens comme les tumeurs vénériennes qui apportent une mort agonisante. En les stérilisant, les contacts entre chiens sont réduits puisqu’ils ne s’accouplent plus et se bagarrent beaucoup moins. On voit ainsi une diminution des transmissions de maladies.
Quelles sont les principales leçons que tu ramènes de ces missions?
DEBRA- Les missions offrent une perspective différente de la médecine vétérinaire, souvent pratiquée dans des conditions précaires. Cette expérience est très formatrice, car elle pousse à s’adapter à des situations inattendues et à réfléchir différemment sur la manière de soigner les animaux. C’est aussi un excellent moyen de découvrir de nouvelles cultures et de rencontrer des gens passionnés par le travail humanitaire.
Proanima est fier de participer aux opérations de FAVI en redonnant des laisses et des colliers qui nous sont offerts par les citoyens. Lors des missions, la FAVI permet aux citoyens de choisir un collier et une laisse pour remplacer les cordes, chaines ou feuilles de banane utilisées pour attacher leur chien. De plus, le collier démontre que le chien a reçu des vétérinaires et qu’il appartient à quelqu’un. Lorsque cela est possible, nous invitons un enfant à choisir un collier pour son animal lors du réveil. Ce simple geste renforce le lien homme-animal et responsabilise l’enfant. Nous prêtons également une attention particulière à la sensibilisation de la population locale.
Note : depuis la rédaction de l’article, Carole a fièrement pris sa retraite.